- malheur
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1 ♦ Événement qui affecte (ou semble de nature à affecter) péniblement, cruellement (qqn). ⇒ accident, affliction; calamité, catastrophe, coup, désastre, deuil, disgrâce, échec, épreuve, fatalité, fléau, infortune, 3. mal, malchance, misère, perte, revers, ruine, traverse. Grand, affreux, horrible, terrible, irréparable malheur. Quel malheur ! Loc. Un malheur est si vite arrivé ! (pour recommander la prudence). Il a eu bien des malheurs. « Des malheurs évités le bonheur se compose » (A. Karr). « Cette passion de vivre qui croît au sein des grands malheurs » (Camus). — PROV. Un malheur n'arrive, ne vient jamais seul. À quelque chose malheur est bon : tout événement pénible comporte quelque compensation.♢ Spécialt (Par euphém.) Mort. S'il lui arrivait malheur : s'il mourait. En cas de malheur.♢ Le malheur, les malheurs de qqn : les événements malheureux qui lui arrivent. Raconter ses malheurs. « Les Malheurs de Sophie », récit de la comtesse de Ségur. « Ma naissance fut le premier de mes malheurs » (Rousseau) . ⇒ douleur, peine. Pour son malheur, il a voulu se lancer dans la politique.♢ Par exagér. Désagrément, ennui, inconvénient. C'est un petit malheur. « Le malheur, c'est que la nuit fût si lente à couler » (France).♢ Spécialt, Fam. Faire un malheur, un éclat qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses. Retenez-moi ou je fais un malheur ! Par antiphr. Remporter un grand succès. Il a fait un malheur à l'Olympia.2 ♦ LE MALHEUR : situation, condition pénible, triste. ⇒ adversité, affliction, 2. chagrin, détresse, infortune, misère, peine. Bonheur et malheur, heur et malheur. Être dans le malheur. Avoir du malheur, bien du malheur. « Le malheur abêtit, je le sais bien » (France). « Tout le malheur des hommes vient de l'espérance » (Camus). PROV. Le malheur des uns fait le bonheur des autres : ce qui rend malheureux les uns peut rendre heureux les autres. Faire le malheur de ceux qu'on aime. — Le malheur des temps : les conditions misérables, lamentables d'une époque troublée. — Interj. Malheur ! marque la surprise, le désappointement.3 ♦ Mauvaise chance, sort funeste. ⇒ malchance, malédiction. Le malheur a voulu qu'il tombe malade. Le malheur est sur nous. Fam. J'ai eu le malheur de lui dire ce que j'en pensais. — Loc. Jouer de malheur : avoir une malchance persistante. — Porter malheur : avoir une influence néfaste. — Par malheur : par l'effet de la malchance, malheureusement. — De malheur : qui porte malheur. ⇒ funeste. Oiseau de malheur, de mauvais augure. Fam. Encore cette pluie de malheur ! ⇒ maudit.⊗ CONTR. Béatitude, bonheur, heur.Synonymes :- adversité- chagrin- fatalité- misère- peineContraires :- béatitude- félicitéAccident fâcheux, funesteSynonymes :- accident- calamité- coup du sort- désastre- deuil- épreuve- perte- revers- tuile (familier)Contraires :- bonheur- joiemalheurn. m.d1./d Mauvaise fortune, sort funeste.— Loc. Jouer de malheur: être victime de la malchance.— Loc. exclam. Malheur à, sur... (exprimant une imprécation). Malheur à vous si vous n'obéissez pas!— Porter malheur: avoir une influence funeste.d2./d Situation douloureuse, pénible; adversité.|| Faire le malheur de qqn, être la cause d'événements qui l'affligent.d3./d événement affligeant, douloureux. Quel malheur!|| Loc. Faire un malheur: se livrer à une action violente, à un éclat regrettable; par antiphrase, avoir un succès considérable, gagner.|| (Prov.) Un malheur ne vient, n'arrive jamais seul. à quelque chose malheur est bon.⇒MALHEUR, subst. masc.A.— Cause qui entraîne des conséquences négatives pour une personne ou un groupe de personnes. Il m'arrive un malheur, des malheurs.1. [Cette cause est un événement naturel hors de toute appréciation subjective] Calamité, catastrophe, ruine, épreuves, revers. Malheur national, public; malheurs matériels, physiques; avoir des malheurs d'argent, de santé. Elle a eu beaucoup de malheurs, elle est morte dans une misère affreuse, chez madame, qui l'avait recueillie... (ZOLA, Argent, 1891, p. 312). Ne jamais parler aux autres de ses propres malheurs, présents ou passés. On devrait tenir pour une impolitesse de décrire aux autres un mal de tête, une nausée, une aigreur, une colique (ALAIN, Propos, 1910, p. 84) :• 1. ... on racontait une foule de prodiges qui menaçaient les Romains d'un grand malheur. Une pluie de pierres était tombée dans le Picenum; en Gaule, un loup avait arraché et enlevé l'épée d'une sentinelle.MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 19.♦ Le malheur des temps. Circonstances fâcheuses propres à une époque troublée. Chaque fois que le malheur des temps faisait qu'une milliardaire épousait quelque prince (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 535).♦ Les malheurs (de la guerre). L'insuccès, la défaite; toutes les épreuves subies dans une guerre perdue. Les malheurs de Florence, de la France, de la patrie. Après les malheurs de la bataille de France (...) cette arrière-garde est devenue l'avant-garde (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 518).— Emplois hypocoristiques. Petits malheurs. Petite Alice a eu aujourd'hui trois petits malheurs : le chat lui a griffé le bras, elle s'est pincé la main à un tiroir et s'est mordu un doigt en mangeant (AMIEL, Journal, 1866, p. 166). Avoir qq. malheurs. Quant à madame Dudevant, elle ne pouvait pas souffrir les marmots, et le mien ayant eu quelques malheurs sur le parquet, elle fut si révoltée de cette inconvenance qu'elle m'engagea à ne plus l'amener chez elle (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 4).— Faire un malheur. Commettre un crime. Voyez ces bois et ces maquis, dit-il à Orso (...). Un homme qui aurait fait un malheur y vivrait dix ans en paix sans que les gendarmes ou voltigeurs vinssent le chercher (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 64). P. ext. Faire un éclat, un scandale. Madame Lorilleux, du coup, s'était retournée. Elle brandissait la casserole, comme si elle allait jeter l'eau seconde à la figure de sa belle-sœur. Elle bredouillait : — Fichez le camp, ou je fais un malheur! (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 524). Fam., p. antiphrase. Remporter un succès retentissant, en particulier au spectacle. Tu peux toujours t'aligner. Dix artistes prendront un bide, il arrivera et il fera un malheur (H. HOTIER, Le Vocab. du cirque et du music-hall en France, Paris, Vincennes, 1973, p. 116).2. [Cette cause est subjectivement interprétée comme une peine affective, une malédiction, une mauvaise fortune ou une fatalité]a) Frustration affective ou parfois morale dans la relation avec une autre personne.— Déception, infidélité en amour. Malheurs conjugaux. Joséphine, où te remettra-t-on cette lettre? Si c'est à Paris, mon malheur est donc certain, tu ne m'aimes plus! Je n'ai plus qu'à mourir (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 34) :• 2. ... n'en est-il pas ainsi, dans la vie active, de nos vrais bonheurs, de nos grands malheurs? Au milieu d'autres personnes, nous recevons de celle que nous aimons la réponse favorable ou mortelle que nous attendions depuis une année.PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 871.— Mort. Annoncer, craindre, pressentir un malheur; trembler qu'il n'arrive malheur à qqn. Il vint un instant où Mme Raquin comprit qu'un malheur était arrivé à son fils (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 75).b) [À propos d'une volonté intentionnellement négative; en formule de malédiction] Vieilli ou littér. Malheur à, sur. [Imprécation par laquelle on appelle le malheur sur quelqu'un, on lui souhaite ou on lui prédit un destin funeste, un mauvais sort] Malheur à l'homme qui, même dans l'amitié la plus intime, laisse découvrir son faible et sa prise! (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 39).— [P. réf. à la Bible] Malheur à celui dont le prince est un enfant; malheur à celui qui mange seul. Malheur à celui par qui le scandale arrive, qui sur quelque sujet important et d'un intérêt général dit au public la vérité (COURIER, Pamphlets pol., Pamphlets des Pamphlets, 1824, p. 219).— [P. réf. à l'hist. romaine] Malheur aux vaincus! (vœ victis!). Place aux vivants, aux jeunes, aux forts! Le monde est aux vaillants et malheur aux vaincus (AMIEL, Journal, 1866, p. 415).c) [À propos d'événements d'origine contingente] Malchance, infortune. Malheur cruel, insupportable; affreux, épouvantable, grand, horrible, immense, irréparable malheur. Vers minuit, deux soldats qui le gardaient s'endormirent, et aussitôt il se mit à prier de toute la ferveur de son âme, demandant à Dieu de le visiter dans son malheur (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 240). Je sens que les ennuis et les malheurs abonderont du jour où elle se déclarera, comme tu dis, dans la famille des Atrides (GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 3, p. 57) :• 3. La réussite est quelque chose qu'on ne peut pas plus éclaircir que la guigne et le malheur. Je suis assez tenté de croire qu'un beau jour la fortune s'est fatiguée de m'accabler. J'ai tellement résisté, j'ai si peu cédé au mauvais sort...THARAUD, An prochain, 1924, p. 285.♦ Pour mon/ton/son malheur. Malheureusement pour moi/toi/lui. Le bailli de Lausanne pour mon malheur est devenu amoureux de moi (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 95).♦ (Avoir du) malheur au jeu. Perdre une partie. Le vieux gentilhomme vint moins souvent, le jaloux Hippolyte l'avait remplacé le soir, au tapis vert, dans son malheur constant au jeu (BALZAC, Bourse, 1832, p. 416).♦ Avoir le malheur de + inf. Avoir la mauvaise idée de. En réalité, elle est amoureuse d'Émile Duffieux au point d'en devenir féroce quand on a le malheur de dire un mot contre lui devant elle (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 139).♦ Fam. Parle pas de malheur. Ne tiens pas de propos qui défient le sort, qui peuvent provoquer le destin. Alors bonne chance. Ivan : Parle pas de malheur (SARTRE, Mains sales, 1948, 2e tabl., 2, p. 40).♦ P. euphém., vieilli. Tomber dans le malheur. Être incarcéré, être condamné (aux galères). L'avoir entraîné hors de la bonne voie et (...) l'avoir fait tomber dans le malheur (ALHOY, Bagnes Rochefort, 1830, p. 51).— Loc. adv. Par malheur. Par malchance, par un fâcheux concours de circonstances. Monsieur, j'ai eu par malheur, accidents sur accidents, je ne marche pas encore et il m'a été impossible de m'occuper de quoi que ce soit (BALZAC, Corresp., 1839, p. 636). Au petit malheur. Au hasard, n'importe comment (v. au petit bonheur). À partir de minuit arriva la nouvelle d'une autre tuerie, plus effroyable que la précédente, effectuée, au petit malheur, par les gardes mobiles, dans l'avenue des Champs-Élysées (L. DAUDET, Police pol., 1934, p. 37).— P. hyperb. Ennui, désagrément. Je suis arrivé sans autre malheur que la perte de mon chapeau de paille qu'un coup de vent envola dans le Rhône (MALLARMÉ, Corresp., 1866, p. 228).♦ Avoir un malheur à qqc. J'ai eu un malheur à ma charretterie, dont la couverture, une nuit qu'il ventait fort, s'est envolée dans les arbres (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 8). Il m'est arrivé malheurs sur malheurs. L'année passée (...) il m'est arrivé malheurs sur malheurs. Enfin je tue une perdrix (...). Eh bien, un maudit épervier l'enlève (DUMAS père, Chasse et amour, 1825, III, 1, p. 40). Le malheur veut que. Le malheur veut qu'un vieil ami à moi m'ait engagé depuis longtemps pour ce lundi et que j'aie accepté (BALZAC, Corresp., 1838, p. 504). Le malheur des malheurs, c'est que. Mais vois-tu, Durgé, le malheur des malheurs, c'est qu'il n'y a plus les foins à couper (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 189).— Exclamativement, iron. Le beau malheur! La belle affaire! Du bruit, du bruit! s'écrie Honorine. Le beau malheur que je fasse du bruit! Un peu plus je me rôtissais (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 90).— Proverbes♦ Le malheur ou le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme. La chance finit par se lasser d'être défavorable. (Dict. XIXe s.).♦ Un malheur ne vient jamais seul; un malheur amène toujours son frère. Il est donc bien vrai, ainsi que je l'ai souvent entendu dire, qu'un malheur ne vient jamais seul! (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 49).♦ Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Un même événement peut être fâcheux pour les uns et avantageux pour les autres. Je ne savais pas, dans ce temps, que le malheur des uns fait le bonheur des autres (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 34).♦ À qqc. malheur est bon. Un malheur procure parfois quelque avantage imprévu. À quelque chose malheur fut bon. La première génération de Port-Royal se trouva comme vaccinée contre le rigorisme janséniste (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 217).— Au plur. Succession d'événements contrariants ou parfois dramatiques. Malheurs domestiques, familiaux; les malheurs de la vie. Être accablé de malheurs (Ac. 1835-1935).♦ Mettre un terme à ses malheurs. Se suicider. Je ne vous connais plus. Laissez-moi mettre un terme à mes malheurs (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, v, 9, p. 71).d) [À propos d'événements constamment contraires, interprétés comme maléfiques] Fatalité. L'école du malheur; avoir du malheur; être voué au malheur. Le vieillard sentait le vent du malheur. Ce pressentiment était juste : le malheur planait sur la maison Séchard (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 20). Voilà donc Athalie encore tombée, écrivait Madame de Maintenon au duc de Noailles; le malheur poursuit tout ce que je protège et que j'aime... (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 497).♦ Heur ou malheur. Bonheur ou malheur. J'ai beau être jeune, je sais bien déjà qu'heurs et malheurs ont plutôt l'air tirés au sort que logiquement répartis! (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 1, p. 1623).♦ Jouer de malheur. Avoir une malchance persistante. Je joue de malheur, mon cher ami; j'arriverai probablement à Paris au moment où vous en partirez (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1845, p. 90).♦ Porter malheur. Avoir une influence néfaste. Le chiffre treize, le sel renversé porte malheur. — Tiens! m'écriai-je, une améthyste. — Oui, une pierre triste, n'est-ce pas, et qui porte malheur (A. FRANCE, Crainquebille, Pierre gravée, 1904, p. 211).♦ En compos., rare. Porte-malheur (p. oppos. à porte-bonheur). C'est la première personne que j'ai rencontrée à la porte, face bilieuse et haineuse, que je n'approche pas sans un frisson de répugnance, car je sens là mon mauvais génie et mon porte-malheur (AMIEL, Journal, 1866, p. 266).— Loc. adj. De malheur♦ Funeste, de mauvais augure. Messager, oiseau, prophète de malheur. Une chauve-souris vint se coller contre la vitre illuminée et semble coiffer Marie-Dorée d'un présage de malheur (L. DE VILMORIN, Lit à col., 1941, p. 102).♦ P. ext., fam. Maudit, exécrable. Ivrogne, sorcier de malheur. Jamais son fils ne se serait embarqué dans cette stupide exploitation des algues (...) sans cette Pauline de malheur qui lui tournait la tête (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 928).— Absol. [Interj. qui marque le désappointement ou le désespoir] Malheur! Malheur! Malheur! Nous sommes seuls, la peste et nous! La dernière porte s'est refermée! (CAMUS, État de siège, 1948, 1re part., p. 227).Rem. Parfois, dans le Midi, simple exclam. fam. marquant la surprise, l'admiration, etc. Oh! malheur! Qu'elle est belle! (ROB.).♦ Ah! quel malheur! Quel malheur que... Malheur et désespoir! Malheur et misère! Honte et malheur! Malheur de malheur! etc. Monseigneur veut vous tuer. Ah! quel malheur! Monseigneur est dans le délire! (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 65). Plus de Dieu, rien au ciel! Ah! Malheur et misère! (BARBIER, Iambes, 1840, p. 98). L'écriture était de Jacques : un affreux griffonnage au crayon : « Aux gens qui accusent lâchement et sans preuves, à ceux-là, honte! Honte et malheur! (...) » (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 627).♦ Malheur de moi! [Exclam. de qqn qui a l'impression d'avoir dit ou fait qqc. qui va lui attirer des ennuis] Je hasardai un conseil de transport immédiat dans un hôpital pour qu'on l'opère en vitesse. Ah! Malheur de moi! Du coup, je lui ai fourni sa plus belle réplique, celle qu'elle attendait. — Quelle honte! L'hôpital! Quelle honte, docteur! (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 324).♦ Voilà le malheur! Voilà ce qui est regrettable! Faut comprendre! On vous explique bien trop de choses! Voilà le malheur (CÉLINE, Voyage, 1932p. 339).— P. iron. M. me disait que j'avais un grand malheur : c'était de ne pas me faire à la toute-puissance des sots (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 38).♦ Malheur(s) d'expression. Maladresse(s) d'expression (v. parole malheureuse). Cette duchesse [la duchesse Bizarre] tenait ce titre d'un don bizarre : elle avait le malheur d'expression. En place d'un mot elle en mettait un autre. Cela donnait à ses poèmes de l'insolite et comme un air de folie douce (COCTEAU, Fin Potomak, 1940, p. 125).B.— P. méton. [Par passage de l'objectif au subjectif] État de souffrance qui assombrit l'existence, fait tomber dans la misère morale, le désespoir. Synon. affliction, chagrin, détresse. La religion des tristesses de la vie, des malheurs, des chagrins, des maladies, de tout ce qui afflige le cœur, la tête, le corps. Elle s'adresse aux gens qui pleurent, aux gens qui souffrent (GONCOURT, Journal, 1860, p. 844). La première expérience du malheur est féroce! Béni soit celui qui a préservé du désespoir un cœur d'enfant! (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1070). La vie humaine est impossible. Mais le malheur seul le fait sentir (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 99) :• 4. Il faut que dans le bonheur nous formions des liens bien doux et bien forts de confiance et d'attachement pour que leur rupture nous cause le déchirement si précieux qui s'appelle le malheur. Si l'on n'avait pas été heureux, ne fût-ce que par l'espérance, les malheurs seraient sans cruauté et par conséquent sans fruit.PROUST, Temps retr., 1922, p. 907.SYNT. Malheur absolu, accompli, extrême, sans consolation, sans remède; être au dernier degré, au plus noir du malheur; connaître le, son malheur.Prononc. et Orth. : [malœ:R]. ATT. DS Ac. dep. 1694. V. mal2. Etymol. et Hist. 1. 1174-1200 « coup funeste du sort » (Renart, éd. M. Roques, XVII, 15126 : c'an cel por n'avrez mal eür); 1632 porter malheur (GUEZ DE BALZAC, Lettres VII, 52 ds Œuvres, Paris, 1665, t. 1, p. 336); 1668 par malheur (LA FONTAINE, Fables, livre V, XXI, 5 ds Œuvres, éd. H. Régnier, I, 433); 1697 de malheur (précédé d'un subst.) « qui n'annonce rien de bon » ici fam. ce greffier de malheur (DANCOURT, Vacances, sc. 7 ds LITTRÉ); 2. av. 1526 « événement qui a des conséquences pénibles, douloureuses pour quelqu'un » (JEAN MAROT, Œuvres, Paris, Coustelier, 1723, p.166); 1660 malheur à (BOILEAU, Satires, éd. A. Cohen, VI, 91); 1673 interj. malheur! (MOLIÈRE, Malade imaginaire, III, 12); 3. 1529 [1re éd.] « situation pénible, douloureuse provoquée par une suite d'événements funestes » (CL. MAROT, Chansons ds Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, chanson première, 7); 1670 pour mon malheur (RACINE, Bérénice, I, IV, 194). Comp. de mal1 et de heur. Fréq. abs. littér. : 11 280. Fréq. rel. Littér. : XIXe s. : a) 26 930, b) 13 138; XXe s. : a) 11 075, b) 11 290. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Arg. 1931, p. 522. — LEW. 1968, p. 92. — QUEM. DDL t. 19. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1973], p. 266. — WAGNER (R.-L.). B. Soc. Ling. 1973, t.68, p. 189.malheur [malœʀ] n. m.ÉTYM. Av. 1526; loc. a mal eûr « de façon funeste », mil XIIe; de 1. mal, et heur.❖1 Un, des malheurs. Événement qui affecte (ou semble de nature à affecter) péniblement, douloureusement, cruellement (qqn). ⇒ Fortune; accident; affliction; calamité, catastrophe, coup, désastre (cit. 2), deuil, disgrâce, échec, épreuve, fatalité (cit. 6), fléau, inconvénient (vx), infortune, 3. mal, malchance, misère, perte, revers, ruine, traverse (→ Cataclysme, cit. 2). || Grand, affreux, horrible, terrible, irrémédiable, irréparable malheur (→ Épuiser, cit. 14). || Le plus grand malheur des hommes… (→ Gouvernement, cit. 24). || Le grand malheur est que…, c'est un grand malheur que… || Un malheur sans égal (cit. 23), sans exemple (cit. 27). — ☑ Loc. (avec arriver). Un malheur est si vite arrivé ! || Il lui est arrivé malheur. || Il lui arrivera malheur. — ☑ Un malheur n'arrive (cit. 57), ne vient jamais seul. || Abîme (cit. 6), gouffre, avalanche, engrenage (cit. 4) de malheurs. || Malheurs qui arrivent coup (cit. 75) sur coup. — Les malheurs qui assaillent (cit. 9), atteignent (cit. 13), frappent qqn, fondent (cit. 22) sur qqn. || S'écrouler à l'annonce d'un malheur. || S'exposer à de grands malheurs (→ Incertitude, cit. 12). || Conjurer (cit. 5), éviter, prévenir, réparer un malheur. || Prévoir, redouter… un malheur (→ Avenir, cit. 11). || En cas de malheur (→ Caser, cit. 2). || Accepter (cit. 15), supporter un malheur. || Tirer une leçon (cit. 19) de chaque malheur. — Le spectacle d'un malheur. || Malheur qui attriste (cit. 6) le public. — Les malheurs de la vie, de l'existence. || Les malheurs inévitables (cit. 9) à la condition humaine. || Vie accablée de malheurs (→ Expier, cit. 3). || Il a eu bien des malheurs.1 Des malheurs qui sont sortisDe la boîte de Pandore (…)La Fontaine, Fables, III, 6.2 Mais quoi ! dit Zadig, il est donc nécessaire qu'il y ait des crimes et des malheurs ? Et les malheurs tombent sur les gens de bien ! Les méchants, répondit Jesrad, sont toujours malheureuxVoltaire, Zadig, XX.3 (…) l'histoire n'est que le tableau des crimes et des malheurs.Voltaire, l'Ingénu, X.4 Des malheurs évités le bonheur se compose.A. Karr, les Guêpes, « Les femmes », janv. 1842.5 La crainte qu'il arrivât malheur à Marthe me soutint pendant ce travail absurde (…)R. Radiguet, le Diable au corps, p. 135.6 — Et tous les malheurs possibles, la maladie, la solitude, la mort, se concentrent dans la maison (…)J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 252.7 (…) elle s'accommoda du grand malheur qui la frappait (…) et les ravages du sort furent en somme dramatiquement bienvenus.Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 249.8 (…) cette passion de vivre qui croît au sein des grands malheurs.Camus, la Peste, p. 136.♦ ☑ (1569). Prov. À quelque chose malheur est bon (cit. 94) : tout événement pénible comporte une compensation (cf. La Fontaine, Fables, VI, 7).9 — À quelque chose malheur est bon ! Là-bas, au front, il y aura du travail pour nous autres.Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 295.♦ (1834). || Avoir des malheurs (s'emploie quelquefois plaisamment ou ironiquement en parlant d'infortunes, d'ennuis).10 Âgée d'environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs (…) Qu'avait été monsieur Vauquer ? Elle ne s'expliquait jamais sur le défunt. Comment avait-il perdu sa fortune ? Il s'était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer (…)Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 852-853.11 Je définis un patois une ancienne langue qui a eu des malheurs, ou encore une langue toute jeune et qui n'a pas fait fortune.Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 7 juil. 1851.♦ Le malheur, les malheurs de qqn : les événements malheureux qui lui arrivent, ou qui sont jugés tels par celui qu'ils affectent (→ Abattre, cit. 7; invincible, cit. 4). || Les Malheurs de Sophie, récit de la comtesse de Ségur. || « Ma naissance fut le premier de mes malheurs » (→ Coûter, cit. 17, Rousseau). || L'auteur de mes malheurs (→ Assassin, cit. 3). || « Mon malheur passe mon espérance » (cit. 34, Racine). — Sentir, s'exagérer (cit. 14) son malheur. ⇒ Douleur, peine. || Pleurer, gémir (cit. 7) sur son malheur, lamenter (cit. 3) son malheur. — Malheur cruel, inconsolable (cit. 1). — Pour son malheur… (→ Audacieux, cit. 9).12 Sans parents, sans amis, désolée et craintive,Reine longtemps de nom, mais en effet captive,Et veuve maintenant sans avoir eu d'époux,Seigneur, de mes malheurs ce sont là les plus doux.Racine, Mithridate, I, 2.13 Et c'est nous trop souvent qui faisons nos malheurs.M.-J. de Chénier, Fénelon, III, 2.14 (…) il se dit qu'on ne connaît pas son malheur, qu'on n'est jamais si heureux qu'on croit.Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 184.15 Notez en outre que l'affaire Sureau marque le début de mes malheurs. Quand je dis « malheurs », je n'entends pas surtout les grands désagréments qui ont résulté, pour moi, de la perte de ma place. Je pense plutôt à la détresse morale dans laquelle je patauge depuis cette époque et d'où je ne sortirai peut-être jamais plus.G. Duhamel, Salavin, I, II.♦ Quel malheur pour lui que…, de… (→ Apologiste, cit. 3; jouet, cit. 7).♦ Par exagér. Événement plus ou moins fâcheux, regrettable. ⇒ Désagrément, ennui. || C'est un petit malheur. — Iron. || Le grand malheur ! — Le malheur de vous déplaire, de perdre votre estime… (→ Indigne, cit. 2). || Quel malheur qu'il soit arrivé trop tard ! || Le malheur, c'est que… ⇒ Inconvénient.16 Nicodème se jette aussitôt avec précipitation à ses pieds (…) Javotte se baisse, de son côté, pour le prévenir; et, se relevant tous deux en même temps, leurs deux fronts se heurtèrent avec telle violence, qu'ils se firent chacun une bosse. Nicodème, au désespoir de ce malheur, voulut se retirer promptement.Furetière, le Roman bourgeois, I, p. 53.17 Tu serais, parbleu ! bien à plaindre quand on te mettrait ce soir dans les bras une jolie fille (…) Voyez un peu le grand malheur, et comme il y a de quoi faire l'ombrageux !A. de Musset, Il ne faut jurer de rien, I, 1.18 Le malheur, c'est que la nuit fût si lente à couler.France, le Lys rouge, XXXIII.19 (…) Phili menaçait de quitter sa femme (…) Comme je murmurais : « Le beau malheur ! » elle reprit vivement (…)F. Mauriac, le Nœud de vipères, XVII.♦ ☑ (1867). Fam. Faire un malheur, un éclat qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses. ☑ Retenez-moi, ou je fais un malheur !♦ Par allus. aux manifestations de la salle et par antiphrase. Argot de spectacle, cour. || Faire un malheur : remporter un énorme succès, un triomphe. || Partout où il est passé, il a fait un malheur. — Par ext. :19.1 En Guadeloupe, elle aurait fait un malheur… Mais ici, les filles ne manquaient pas.Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 214.2 (Av. 1530). || Le malheur : situation, condition pénible, triste, douloureuse dans laquelle l'homme voit souvent l'action d'un mauvais destin, d'un sort rigoureux. ⇒ Adversité, affliction, chagrin, détresse, fortune (vx), infortune (cit. 4), misère, peine. || Le malheur de l'homme (cit. 31). || Bonheur et malheur, heur (cit. 4 et 5) et malheur. — ☑ Prov. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. — Alternatives (cit. 1) de joie et de malheur. || Jours, période, atmosphère (cit. 18) de malheur. — Cause, source, germe de malheur (→ Crime, cit. 8; grâce, cit. 36). || Faire le malheur de ce qu'on aime (cit. 24). || Tout le malheur des hommes vient de… (→ Chambre, cit. 4, Pascal). — Être destiné au malheur (→ Avance, cit. 14). || Avoir du malheur, bien du malheur. || Connaître le malheur. || Succomber sous le poids du malheur. || Accepter, supporter le malheur (→ Boire le calice, la coupe jusqu'à la lie). || Accoutumance (cit. 4) au malheur; habitude (cit. 31) du malheur. || Attrait (cit. 24) romantique pour le malheur. || Éluder (cit. 2), fuir le malheur. — Le baptême du malheur (→ Acheter, cit. 13, Musset). || « Il n'y a pas d'âge légal (cit. 2) pour le malheur » (Chateaubriand). || Le creuset (cit. 5) du malheur. || Le malheur est un grand maître (→ Enseigner, cit. 17). || Peuple édifié dans le malheur et la gloire (→ Guerre, cit. 30). — Égaux (cit. 11) par le malheur; grand par le malheur (→ Épreuve, cit. 29). — Un excès, un luxe de malheur (→ Frêle, cit. 6). || Le comble du malheur. || Être au bord du malheur, dans le malheur (→ Ami, cit. 1). || Tomber dans le malheur. || Courage dans le malheur (→ Estime, cit. 9). || Soutenir qqn dans le malheur. || S'appuyer (cit. 37) sur qqn dans son malheur. || Précipiter qqn dans le malheur.20 Quand le malheur ne serait bonQu'à mettre un sot à la raison,Toujours serait-ce à juste causeQu'on le dit bon à quelque chose.La Fontaine, Fables, VI, 7 (→ ci-dessus : À quelque chose malheur est bon).21 Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres est qu'ils veulent leur bien.Vauvenargues, Réflexions et Maximes, 160.22 Nous ne savons ce que c'est que bonheur ou malheur absolu. Tout est mêlé dans cette vie; on n'y goûte aucun sentiment pur, on n'y reste pas deux moments dans le même état.Rousseau, Émile, II.23 Qui ne songe qu'à soi quand sa fortune est bonneDans le malheur n'a point d'amis.Florian, Fables, IV.24 Il faut encore plus exercer les hommes à plaindre le malheur qu'à le souffrir.Joseph Joubert, Pensées, V, LXXII.25 Le malheur qui se perpétue produit sur l'âme l'effet de la vieillesse sur le corps; on ne peut plus remuer; on se couche.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 310.26 (…) il sentait le vague saisissement de cette poignante angoisse universelle. Il avait la vision de toute cette écume du malheur sur le sombre pêle-mêle humain.Hugo, l'Homme qui rit, II, II, X.27 Nous avons essuyé des fortunes diverses,Ce qu'on nomme malheur, adversité, traverses,Sans trembler, sans fléchir, sans haïr les écueils.Hugo, les Contemplations, V, XII.28 (…) il n'est pire douleurQu'un souvenir heureux dans les jours de malheur.A. de Musset, Premières poésies, « Le saule », I.29 Le malheur abêtit, je le sais bien.France, le Crime de S. Bonnard, t. II, VI, p. 495.30 (…) la première expérience du malheur est féroce ! Béni soit celui qui a préservé du désespoir un cœur d'enfant !Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 63.31 Vous ne ferez rien de durable pour le bonheur des hommes parce que vous n'avez aucune idée de leur malheur. Me suis-je bien fait comprendre ? Notre part de bonheur, en effet, notre misérable bonheur tient de toutes parts à la terre, il y rentre avec nous au dernier jour, mais l'essence de notre malheur est surnaturelle.Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 72.32 Le malheur exalte, le bonheur relâche (…)A. Maurois, Études littéraires, « André Gide ».33 Tout le malheur des hommes vient de l'espérance (…)Camus, l'Homme révolté, p. 47.♦ ☑ Pour mon malheur : malheureusement pour moi.34 Pour son malheur, elle se tourna vers moi à un moment, afin de me montrer son bouquet (…)Paul Bourget, le Disciple, IV, IV.35 Pour le malheur de René, je lui avais trop bien fait partager mon vice.R. Radiguet, le Diable au corps, p. 49.♦ ☑ (1724). Le malheur des temps : les conditions misérables, lamentables d'une époque troublée.♦ Par métonymie. Littér. || Le malheur : les malheureux.36 Malheureuse, j'appris à plaindre le malheur.Nicolas Gilbert, les Héroïdes, I.3 Mauvaise chance, sort funeste. ⇒ Malchance, malédiction; cruauté (du sort). || Le malheur le poursuit, l'accable. || Le malheur l'a frappé. ⇒ Destin, fortune, sort. || Les coups, les injures du malheur. — ☑ Le malheur veut que…, a voulu que… (→ Ange, cit. 14; gagner, cit. 8). — Le malheur est sur nous (→ Gorger, cit. 6), est sur la famille, sur la maison. || Appeler le malheur sur… ⇒ Maudire. || Attirer le malheur. — Le malheur personnifié. || Les victimes du malheur.37 L'heur et le mal'heur (malheur) sont à mon gré deux souveraines puissances. C'est imprudence d'estimer que l'humaine prudence puisse remplir le rôle de la fortune.Montaigne, Essais, III, VIII.38 C'est l'effet du malheur qui partout m'accompagne.Corneille, le Menteur, I, 3.39 Si les hommes voulaient être francs, ils reconnaîtraient peut-être que jamais le malheur n'a fondu sur eux sans qu'ils aient reçu quelque avertissement patent ou occulte. Beaucoup n'ont aperçu le sens profond de cet avis mystérieux ou visible qu'après leur désastre.Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 562.40 Personne ici (en Occident) ne croit au destin; nul ne divinise le malheur.Alain, Propos, Le Dieu cruel, 5 nov. 1927.♦ Avoir le malheur d'être infirme, orphelin (→ Apparenter, cit. 2). || Le Malheur d'avoir trop d'esprit, comédie de Griboïedov. — ☑ Jouer de malheur, de malchance. ⇒ Passe (être dans une mauvaise). || Un malheur continuel au jeu (→ Houspiller, cit. 3). || Par surcroît (→ Guider, cit. 5), pour comble de malheur (→ Humiliation, cit. 5).♦ ☑ Porter malheur : avoir une influence néfaste (→ Glacer, cit. 17).41 Oh ! je porte malheur à tout ce qui m'entoure !Hugo, Hernani, III, 4.42 Elle (…) prit un morceau (de sucre) qu'elle croqua, puis un autre qu'elle lui tendit de loin. — Non, merci, dit-il en riant. — Sans quoi ça porte malheur, cria-t-elle, en lui lançant le sucre, qu'il attrapa au vol.Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 109.♦ ☑ (1696). De malheur : qui porte malheur. ⇒ Funeste (→ Beau, cit. 76; empoisonner, cit. 13). Oiseau de malheur. — Fam. || Encore cette pluie de malheur. ⇒ Maudit.43 Qu'arrivera-t-il ? Quelles calamités vont tomber sur nous ? Ne sommes-nous pas assez éprouvés ? Fille de malheur, retourne chez toi ! Laisse-nous !A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 236.♦ ☑ (1668). Par malheur : par l'effet du malheur, de la malchance (→ Accoutumer, cit. 19; calculateur, cit. 1).4 ☑ Malheur à… : exclamation par laquelle on appelle le malheur sur qqn, on lui souhaite ou on lui prédit de la malchance, un destin funeste… ⇒ Malédiction (→ Abandonner, cit. 25; arrêter, cit. 52; auteur, cit. 28; bénir, cit. 5; fouetter, cit. 7). || Malheur aux vaincus ! ⇒ Vae victis.44 Malheur à l'homme seul (…)Bible (Sacy), l'Ecclésiaste, IV, 10.45 — Malheur à toi, si tu joues avec ma colère ! — Oui, malheur à moi ! malheur à moi !A. de Musset, Lorenzaccio, III, 6.♦ Absolt. || Malheur ! : interjection qui exprime la surprise douloureuse, le désespoir, le désappointement, etc.46 Ah, mon Dieu ! Ah, malheur ! Quel étrange accident !Molière, le Malade imaginaire, III, 12.47 Malheur ! c'est mon neveu ! malheur ! car si RolandAppelle à son secours, ce doit être en mourant.A. de Vigny, Livre moderne, « Le cor », III.♦ Régional (sud de la France). Exclamation familière exprimant la surprise, l'admiration, etc. || Oh, malheur ! qu'elle est belle !❖CONTR. Béatitude, bonheur, félicité, fortune, heur.DÉR. Malheureux.COMP. Porte-malheur.HOM. Malheure.
Encyclopédie Universelle. 2012.